153 – LA COLOMBE
Depuis longtemps déjà je suis belle ; lejour vient où je ne serai plus femme. Et alors je connaîtrai lessouvenirs déchirants, les brûlantes envies solitaires et les larmesdans les mains.
Si la vie est un long songe, à quoi bon luirésister ? Maintenant, quatre et cinq fois la nuit je demandela jouissance amoureuse, et quand mes flancs sont épuisés jem’endors où mon corps retombe.
Au matin, j’ouvre les paupières et jefrissonne dans mes cheveux. Une colombe est sur ma fenêtre ;je lui demande en quel mois nous sommes. Elle me dit :« C’est le mois où les femmes sont en amour. »
Ah ! quel que soit le mois, la colombedit vrai, Kypris ! Et je jette mes deux bras autour de monamant, et avec de grands tremblements j’étire jusqu’au pied du litmes jambes encore engourdies.