75 – PAROLES DANS LA NUIT
Nous reposons, les yeux fermés ; lesilence est grand autour de notre couche. Nuits ineffables del’été ! Mais elle, qui me croit endormie, pose sa main chaudesur mon bras.
Elle murmure : « Bilitis, tudors ? » Le cœur me bat, mais sans répondre, je respirerégulièrement comme une femme couchée dans les rêves. Alors ellecommence à parler :
« Puisque tu ne m’entends pas, dit-elle,ah ! que je t’aime ! » Et elle répète mon nom.« Bilitis… Bilitis… » Et elle m’effleure du bout de sesdoigts tremblants :
« C’est à moi, cette bouche ! à moiseule ! Y en a-t-il une plus belle au monde ? Ah !mon bonheur, mon bonheur ! C’est à moi ces bras nus, cettenuque et ces cheveux… »