97 – À LA POUPÉE DE CIRE
Poupée de cire, jouet chéri qu’elle appelaitson enfant, elle t’a laissée toi aussi et elle t’oublie comme moi,qui fus avec elle ton père ou ta mère, je ne sais.
La pression de ses lèvres avaient déteint tespetites joues ; et à ta main gauche voici ce doigt cassé quila fit tant pleurer. Cette petite cyclas que tu portes, c’est ellequi te l’a brodée.
À l’entendre, tu savais déjà lire. Pourtant tun’étais pas sevrée, et le soir, penchée sur toi, elle ouvrait satunique et te donnait le sein, « afin que tu ne pleurespas », disait-elle.
Poupée, si je voulais la revoir, je tedonnerais à l’Aphroditê, comme le plus cher de mes cadeaux. Mais jeveux penser qu’elle est tout à fait morte.