44 – LA NUIT
C’est moi maintenant qui le recherche. Chaquenuit, très doucement, je quitte la maison, et je vais par unelongue route, jusqu’à sa prairie, le regarder dormir.
Quelquefois je reste longtemps sans parler,heureuse de le voir seulement, et j’approche mes lèvres dessiennes, pour ne baiser que son haleine.
Puis tout à coup je m’étends sur lui. Il seréveille dans mes bras, et il ne peut plus se relever car jelutte ! Il renonce, et rit, et m’étreint. Ainsi nous jouonsdans la nuit.
… Première aube, ô clarté méchante, toidéjà ! En quel antre toujours nocturne, sur quelle prairiesouterraine pourrons-nous si longtemps aimer, que nous perdions tonsouvenir…