3 – PAROLES MATERNELLES
Ma mère me baigne dans l’obscurité, ellem’habille au grand soleil et me coiffe dans la lumière ; maissi je sors au clair de lune, elle serre ma ceinture et fait undouble nœud.
Elle me dit : « Joue avec lesvierges, danse avec les petits enfants ; ne regarde pas par lafenêtre ; fuis la parole des jeunes hommes et redoute leconseil des veuves.
« Un soir, quelqu’un, comme pour toutes,te viendra prendre sur le seuil au milieu d’un grand cortège detympanons sonores et de flûtes amoureuses.
« Ce soir-là, quand tu t’en iras, Bilitô,tu me laisseras trois gourdes de fiel : une pour le matin, unepour le midi, et la troisième, la plus amère, la troisième pour lesjours de fête. »