88 – ATTENTE
Le soleil a passé toute la nuit chez les mortsdepuis que je l’attends, assise sur mon lit, lasse d’avoir veillé.La mèche de la lampe épuisée a brûlé jusqu’à la fin.
Elle ne reviendra plus : voici ladernière étoile. Je sais bien qu’elle ne viendra plus. Je sais mêmele nom que je hais. Et cependant j’attends encore.
Qu’elle vienne maintenant ! oui, qu’ellevienne, la chevelure défaite et sans roses, la robe souillée,tachée, froissée, la langue sèche et les paupièresnoires !
Dès qu’elle ouvrira la porte, je lui dirai…mais la voici… C’est sa robe que je touche, ses mains, ses cheveux,sa peau. Je l’embrasse d’une bouche éperdue, et je pleure.