124 – LA JOUEUSE DE FLÛTE
Mélixô, les jambes serrées, le corps penché,les bras en avant, tu glisses ta double flûte légère entre teslèvres mouillées de vin, et tu joues au dessus de la couche oùTéléas m’étreint encore.
Ne suis-je pas bien imprudente, moi qui loueune aussi jeune fille pour distraire mes heures laborieuses, moiqui la montre ainsi nue aux regards curieux de mes amants, nesuis-je pas inconsidérée ?
Non, Mélixô, petite musicienne, tu es unehonnête amie. Hier tu ne m’as pas refusé de changer ta flûte pourune autre quand je désespérais d’accomplir un amour plein dedifficultés. Mais tu es sûre.
Car je sais bien à quoi tu penses. Tu attendsla fin de cette nuit excessive qui t’anime cruellement en vain etau premier matin tu courras dans la rue, avec ton seul ami Psyllos,vers ton petit matelas défoncé.