126 – À UN MARI HEUREUX
Je t’envie, Agorakritès, d’avoir une femmeaussi zélée. C’est elle-même qui soigne l’étable, et le matin, aulieu de faire l’amour elle donne à boire aux bestiaux.
Tu t’en réjouis. Que d’autres, dis-tu, nesongent qu’aux voluptés basses, veillent la nuit, dorment le jouret demandent encore à l’adultère une satiété criminelle.
Oui ; ta femme travaille à l’étable. Ondit même qu’elle a mille tendresses pour le plus jeune de tes ânes.Ah ! Ha ! c’est un bel animal ! Il a une touffenoire sur les yeux.
On dit qu’elle joue entre ses pattes, sous sonventre gris et doux… Mais ceux qui disent cela sont des médisants.Si ton âne lui plaît, Agorakritès, c’est que son regard sans doutelui rappelle le tien.