96 – LE SOUVENIR DÉCHIRANT
Je me souviens… (à quelle heure du jour nel’ai-je pas devant mes yeux ?) je me souviens de la façon dontElle soulevait ses cheveux avec ses faibles doigts si pâles.
Je me souviens d’une nuit qu’elle passa, lajoue sur mon sein, si doucement, que le bonheur me tint éveillée,et le lendemain elle avait au visage la marque de la papilleronde.
Je la vois tenant sa tasse de lait et meregardant de côté, avec un sourire. Je la vois, poudrée et coiffée,ouvrant ses grands yeux devant son miroir, et retouchant du doigtle rouge de ses lèvres.
Et surtout, si mon désespoir est uneperpétuelle torture, c’est que je sais, instant par instant,comment elle défaille dans les bras de l’autre, et ce qu’elle luidemande et ce qu’elle lui donne.