125 – LA CEINTURE CHAUDE
« Tu crois que tu ne m’aimes plus,Téléas, et depuis un mois tu passes tes nuits à table, comme si lesfruits, les vins, les miels pouvaient te faire oublier ma bouche.Tu crois que tu ne m’aimes plus, pauvre fou ! »
Disant cela, j’ai dénoué ma ceinture enmoiteur et je l’ai roulée autour de sa tête. Elle était toutechaude encore de la chaleur de mon ventre ; le parfum de mapeau sortait de ses mailles fines.
Il la respira longuement, les yeux fermés,puis je sentis qu’il revenait à moi et je vis même très clairementses désirs réveillés qu’il ne me cachait point, mais, par ruse, jesus résister.
« Non, mon ami. Ce soir, Lysippos mepossède. Adieu ! » Et j’ajoutai en m’enfuyant :« Ô gourmand de fruits et de légumes ! le petit jardin deBilitis n’a qu’une figue, mais elle est bonne. »