XXV
TOUJOURS LE NUAGE
… »Elle est faite d’une étoffechinoise ! » avait dit Tétouara…
Parole grosse de sous-entendus venimeux,– parole acérée à triple pointe, qui souvent me revenaiten tête…
En vérité j’étais tout à fait étranger à cetterobe de gaze verte… Ce n’étaient point non plus les vieux parentsadoptifs de Rarahu, – lesquels vivaient à moitié nus dansleur case de pandanus, – qui s’étaient lancés dans detelles prodigalités…
Et je demeurais plongé dans mesréflexions…
Les marchands chinois de Papeete sont pour lesTahitiennes un objet de dégoût et d’horreur… Il n’est point de plusgrande honte pour une jeune femme que d’être convaincue d’avoirécouté les propos galants de l’un d’entre eux…
Mais les Chinois sont malins et sontriches ; – et il est notoire que plusieurs de cespersonnages, à force de présents et de pièces blanches, obtiennentdes faveurs clandestines qui les dédommagent du mépris public…
Je m’étais bien gardé cependant de communiquercet horrible soupçon à John, qui eût chargé d’anathèmes ma petiteamie Rarahu… J’eus le bon goût de ne faire ni reproche ni scandale,– me réservant seulement d’observer et d’attendre…