XXXIX
RÉVÉLATIONS
Dans un sentier solitaire où s’entendaitencore le bruit lointain de la foule, – sous l’ombreépaisse des arbres, dans la nuit noire, – Taïmaha s’arrêtaet s’assit.
– Je suis fatiguée, dit-elle avec unegrande lassitude ; Rarahu, dis-lui de me parler ici, je n’iraipas plus loin ; – c’est son frère, lui ?…
A ce moment, une idée que je n’avais jamaiseue me traversa l’esprit :
– N’as-tu pas d’enfants deRouéri ?… lui demandai-je.
– Si, répondit-elle, après une minuted’hésitation, mais d’une voix assurée pourtant ; –si, deux !…
Il y eut un long silence, après cetterévélation inattendue. Une foule de sentiments s’éveillaient enmoi, sentiments d’un genre inconnu, impressions tristes etintraduisibles.
Il est de ces situations dont on ne peutrendre par des mots l’étrangeté saisissante. – Le charmedu lieu, les influences mystérieuses de la nature, avivent outransforment les émotions ressenties, et on ne sait plus, mêmeimparfaitement, les exprimer.