Le Mariage de Loti

XXXVI

Cependant le moment du départ était arrivé, leRendeer, s’en allait en Californie, i te fenuaCalifornia, comme disait la petite-fille de la reine.

Ce n’était pas le départ définitif, il estvrai ; au retour nous devions nous arrêter encore à l’îledélicieuse un mois ou deux, en passant. Sans cette certitudede revenir, il est probable qu’à ce moment-là je ne serais pasparti : la laisser pour toujours eût été au-dessus de mesforces, et m’eût brisé le cœur.

A l’approche du départ, j’étais étrangementobsédé par la pensée de cette Taïmaha, qui avait été la femme demon frère Rouéri. Il m’était extrêmement pénible, je ne saispourquoi, de partir sans la connaître, et je m’en ouvris à lareine, en la priant de se charger de nous ménager une entrevue.

Pomaré parut prendre grand intérêt à mademande :

– Comment, Loti, dit-elle, tu veux lavoir ? Il t’en avait parlé, Rouéri ? Il ne l’avait doncpoint oubliée ?

Et la vieille reine sembla se recueillir dansde tristes souvenirs du passé, retrouvant peut-être dans sa mémoirel’oubli de quelques-uns, qu’elle avait aimés, et qui étaient partispour ne plus revenir.

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