XX
Je restai là longtemps assis, tenant toujoursen main les papiers du chef, et cherchant à rassembler mes idéesembrouillées par la fièvre.
Je m’étais laissé abuser comme un enfant naïfpar la parole de cette femme ; je maudissais cette créature,qui m’avait poussé dans cette île désolée, tandis qu’à TahitiRarahu m’attendait, et que le temps irréparable s’envolait pournous deux.
Les jeunes filles étaient toujours là assises,avec leurs couronnes de gardénias qui répandaient leur parfum dusoir ; tous étaient immobiles, la tête tournée vers la forêt,groupés, comme pour s’unir contre l’obscurité envahissante, contrela solitude et le voisinage des bois.
Le vent gémissait plus fort, il faisait froidet il faisait nuit…