XXVII
… J’observais, posté derrière les branches… Lacuriosité me tenait là attentif et immobile… Je m’étais condamné auspectacle de ce bain, attendant avec anxiété ce qui allaits’ensuivre…
Je n’attendis pas longtemps ; un légerfrôlement de branches, un bruit de voix douces, m’indiqua bientôtque les deux petites filles arrivaient…
Le Chinois, qui les avait entendues aussi, seleva d’un bond, comme mû par un ressort… Soit pudeur, soit honted’étaler au soleil d’aussi laides choses, il courut à sesvêtements… Les nombreuses robes de mousseline qui, superposées,composaient son costume, pendaient çà et là, accrochées auxbranches des arbres.
Il avait eu le temps d’en passer deux outrois, quand les petites arrivèrent.
Le chat de Rarahu, qui ouvrait la marche, fitun haut-le-corps très significatif en apercevant l’homme jaune, etrebroussa chemin d’un air indigné…
Tiahoui parut ensuite ; – elleeut un temps d’arrêt en portant la main à son menton, et riant souscape, comme une personne qui aperçoit quelque chose de trèsdrôle…
Rarahu regarda par-dessus son épaule, riantaussi… Après quoi toutes deux s’avancèrent résolument, en disantd’un ton narquois :
– Ia ora na,Tseen-Lee ! – Ia ora na tinito, mafatumeiti !
(Bonjour, Tseen-Lee, – bonjour,Chinois, mon petit cœur !)
Elles le connaissaient par son nom, etlui-même avait appelé Rarahu… Il avait laissé retomber sa queuegrisonnante avec un grand air de coquetterie, et ses yeux de vieuxlubrique étincelaient d’une hideuse manière…