Le Mariage de Loti

XLVIII

En suivant sous les minces cocotiers lesblanches plages tahitiennes, – sur quelque pointesolitaire regardant l’immensité bleue, en quelque lieu choisi avecun goût mélancolique par des hommes des générations passées,– de loin en loin on rencontre les monticules funèbres,les grands tumulus de corail… Ce sont les maraé, lessépultures des chefs d’autrefois ; et l’histoire de ces mortsqui dorment là-dessous se perd dans le passé fabuleux et inconnuqui précéda la découverte des archipels de la Polynésie.

– Dans toutes les îles habitées parles Maoris, les maraé se retrouvent sur les plages. Lesinsulaires mystérieux de Rapa-Nui ornaient ces tombeaux de statuesgigantesques au masque horrible ; les Tahitiens y plantaientseulement des bouquets d’arbres de fer. L’arbre de fer est lecyprès de là-bas, son feuillage est triste ; le vent de la mera un sifflement particulier en passant dans ses branches rigides…Ces tumulus restés blancs, malgré les années, de la blancheur ducorail, et surmontés de grands arbres noirs, évoquent les souvenirsde la terrible religion du passé ; c’étaient aussi les autelsoù les victimes humaines étaient immolées à la mémoire desmorts.

– Tahiti, disait Pomaré, était laseule île où, même dans les plus anciens temps, les victimesn’étaient pas mangées après le sacrifice ; on faisaitseulement le simulacre du repas macabre ; les yeux, enlevés deleurs orbites, étaient mis ensemble sur un plat et servis à lareine, – horrible prérogative de la souveraineté.(Recueilli de la bouche de Pomaré.)

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