XXII
… Le soir, harassés de fatigue, et trèsaffamés aussi, nous arrivions au bas de Fataoua sans incidentnouveau…
Là se trouvaient deux jeunes hommes inconnus,qui revenaient des forêts ; ils étaient vêtus du pareonational noué autour des reins ; en passant dans la zone desrosiers, ils s’étaient fait de larges couronnes semblables à cellede Rarahu, et portaient au bout de longs bâtons leur récolte surleurs épaules nues : de beaux fruits de l’arbre-à-pain, et desbananes sauvages, rouges et vermeilles.
Nous fîmes halte avec eux dans un bas-fonddélicieux, sous une voûte odorante de citronniers en fleurs.
La flamme jaillit bientôt entre leurs mains,du frottement de deux branches sèches ; un grand feu futallumé, et les fruits cuits sous l’herbe nous constituèrent unrepas excellent dont les deux jeunes hommes inconnus nous offrirentjoyeusement la moitié, comme c’est là-bas la coutume…
Rarahu avait rapporté de cette expéditionautant d’étonnements et d’émotions que d’un voyage en payslointain.
Son intelligence d’enfant s’était ouverte àune foule de conceptions nouvelles, – sur l’immensité etsur la formation des races humaines, sur le mystère de leursdestinées…