XLIII
Les femmes turques, les grandes dames surtout,font très bon marché de la fidélité qu’elles doivent à leurs époux.Les farouches surveillances de certains hommes, et la terreur duchâtiment sont indispensables pour les retenir. Toujours oisives,dévorées d’ennui, physiquement obsédées de la solitude des harems,elles sont capables de se livrer au premier venu, —au domestiquequi leur tombe sous la patte, ou au batelier qui les promène, s’ilest beau et s’il leur plaît. Toutes sont fort curieuses des jeunesgens européens, et ceux-ci en profiteraient quelquefois s’ils lesavaient, s’ils l’osaient, ou si plutôt ils étaient placés dans desconditions favorables pour le tenter. Ma position à Stamboul, maconnaissance de la langue et des usages turcs, – ma porte isoléetournant sans bruit sur ses vieilles ferrures, – étaient chosesfort propices à ces sortes d’entreprises ; et ma maison eût pudevenir sans doute, si je l’avais désiré, le rendez-vous des bellesdésœuvrées des harems.