XIV
Le retour de Samuel est venu apporter un peude gaieté à ma triste case. La fortune me sourit aux roulettes dePéra, et l’automne est splendide en Orient. J’habite un des plusbeaux pays du monde, et ma liberté est illimitée. Je puis courir, àma guise, les villages, les montagnes, les bois de la côte d’Asieou d’Europe, et beaucoup de pauvres gens vivraient une année desimpressions et des péripéties d’un seul de mes jours.
Puisse Allah accorder longue vie au sultanAbd-ul-Hamid, qui fait revivre les grandes fêtes religieuses, lesgrandes solennités de l’islam ; Stamboul illuminé chaque soir,le Bosphore éclairé aux feux de Bengale, les dernières lueurs del’Orient qui s’en va, une féerie à grand spectacle que sans douteon ne reverra plus.
Malgré mon indifférence politique, messympathies sont pour ce beau pays qu’on veut supprimer, et toutdoucement je deviens Turc sans m’en douter.