Aziyadé

LXV

Aziyadé arriva le soir, me racontant combienelle avait été inquiète, et combien de fois elle avait dit pourmoi :

– Allah ! Sélamet versen Loti !(Allah ! protège Loti !)

Elle m’apportait quelque chose de lourd,contenu dans une toute petite boîte, qui sentait l’eau de rosescomme tout ce qui venait d’elle. Sa figure rayonnait de joie en meremettant ce petit objet mystérieux, très soigneusement caché danssa robe.

– Tiens, Loti, dit-elle, bon benden sana édié.(Ceci est un cadeau que je te fais.)

C’était une lourde bague en or martelé, surlaquelle était gravé son nom.

Depuis longtemps, elle rêvait de me donner unebague, sur laquelle j’emporterais dans mon pays son nom gravé. Maisla pauvre petite n’avait pas d’argent ; elle vivait dans unelarge aisance, dans un luxe relatif ; il lui était possibled’apporter chez moi des pièces de soie brodée, des coussins etdifférents objets dont elle disposait sans contrôle ; mais onne lui donnait que de petites sommes ; tout passait à payer ladiscrétion d’Emineh, sa servante, et il lui était difficiled’acheter une bague sur ses économies. Alors elle avait songé à sesbijoux à elle ; mais elle avait eu peur de les envoyer vendreou troquer au bazar des bijoutiers, et il avait fallu recourir auxexpédients. C’étaient ses propres bijoux, écrasés au marteau, encachette, par un forgeron de Scutari, qu’elle m’apportaitaujourd’hui, transformés en une énorme bague, irrégulière etmassive.

Et je lui fis sur sa demande le serment quecette bague ne me quitterait jamais, que je la porterais toute mavie…

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