Aziyadé

XLV

Et, au bout d’une heure, à force d’amour, elleavait consenti à ce compromis insensé : elle partait et juraitde revenir – après quand l’autre s’en serait allée et qu’il meplairait de la faire demander.

Aziyadé partit, les joues empourprées et lesyeux secs, et Achmet, qui marchait derrière elle, se retourna pourme dire qu’il ne reviendrait plus. La draperie arabe qui fermait machambre retomba sur eux, et j’entendis jusqu’à l’escalier traînerleurs babouches sur les tapis. Là, leurs pas s’arrêtèrent. Aziyadés’était affaissée sur les marches pour fondre en larmes, et lebruit de ses sanglots arrivait jusqu’à moi dans le silence de cettenuit.

Cependant, je ne sortis pas de ma chambre etje la laissai partir.

Je venais de le lui dire, et c’étaitvrai : je l’adorais, elle, et je n’aimais point cetteSéniha ; mes sens seulement avaient la fièvre et m’emportaientvers cet inconnu plein d’enivrements. Je songeais avec angoissequ’en effet, si elle ne voulait plus me revoir, une fois retranchéederrière les murs du harem, elle était à tout jamais perdue, etqu’aucune puissance humaine ne saurait plus me la rendre.J’entendis avec un indicible serrement de cœur la porte de lamaison se refermer sur eux. Mais la pensée de cette créature quiallait venir brûlait mon sang : je restai là, et je ne lesrappelai pas.

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