Aziyadé

XX

Quand je remontai sur la place deMehmed-Fatih, le soleil dorait en plein l’immense mosquée, lesportiques arabes et les minarets gigantesques. Les oulémas quisortaient de la prière du soir s’étaient tous arrêtés sur le seuil,et s’étageaient dans la lumière sur les grandes marches de pierre.La foule accourait vers eux et les entourait : au milieu dugroupe, un jeune homme montrait le ciel, un jeune homme qui avaitune admirable tête mystique. Le turban blanc des oulémas entouraitson beau front large ; son visage était pâle, sa barbe et sesgrands yeux étaient noirs comme de l’ébène.

Il montrait en haut un point invisible, ilregardait avec extase dans la profondeur du ciel bleu etdisait :

– Voilà Dieu ! Regardez tous ! Jevois Allah ! Je vois l’Éternel !

Et nous courûmes, Achmet et moi, comme lafoule, auprès de l’ouléma qui voyait Allah.

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