Aziyadé

XLVIII

J’expédiai Achmet à Oun-Capan chez Kadidja. Ilavait mission d’instruire cette macaque de confiance de laréception faite à Séniha ; de la prier de dire à Aziyadé quej’implorais mon pardon, et que je désirais le soir même sa chèreprésence.

J’expédiai en même temps dans la campagnetrois enfants chargés de me rapporter des branches de verdure, etdes gerbes, de pleins paniers de narcisses et de jonquilles. Jevoulais que la vieille maison prît ce jour-là pour son retour unaspect inaccoutumé de joie et de fête.

Quand Aziyadé entra le soir, du seuil de laporte à l’entrée de notre chambre, elle trouva un tapis defleurs ; les jonquilles détachées de leurs tiges couvraient lesol d’une épaisse couche odorante ; on était enivré de ceparfum suave, et les marches sur lesquelles elle avait pleuré ne sevoyaient plus.

Aucune réflexion ni aucun reproche ne sortitde sa bouche rose, elle sourit seulement en regardant cesfleurs ; elle était bien assez intelligente pour saisir d’unseul coup tout ce qu’elles lui disaient de ma part dans leursilencieux langage, et ses yeux cernés par les larmes rayonnaientd’une joie profonde. Elle marchait sur ces fleurs, calme et fièrecomme une petite reine reprenant possession de son royaume perdu,ou comme Apsâra circulant dans le paradis fleuri des divinitésindoues.

Les vraies apsâras et les vrais houris ne sontcertes pas plus jolies ni plus fraîches, ni plus gracieuses ni pluscharmantes…

L’épisode de Séniha-hanum était clos ; ilavait eu pour résultat de nous faire plus vivement nous aimer.

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