IX.
Jeune fille, la grâce emplit tes dix-septans.
Ton regard dit : Matin, et ton frontdit : Printemps.
Il semble que ta main porte un lysinvisible.
Don Juan te voit passer et murmure :« Impossible ! »
Sois belle. Sois bénie, enfant, dans tabeauté.
La nature s’égaye à toute ta clarté ;
Tu fais une lueur sous les arbres ; laguêpe
Touche ta joue en fleur de son aile decrêpe ;
La mouche à tes yeux vole ainsi qu’à desflambeaux.
Ton souffle est un encens qui monte au ciel.Lesbos
Et les marins d’Hydra, s’ils te voyaient sansvoiles,
Te prendraient pour l’Aurore aux cheveuxpleins d’étoiles.
Les êtres de l’azur froncent leur pursourcil,
Quand l’homme, spectre obscur du mal et del’exil,
Ose approcher ton âme, aux rayons fiancée.
Sois belle. Tu te sens par l’ombrecaressée,
Un ange vient baiser ton pied quand il estnu,
Et c’est ce qui te fait ton sourireingénu.
Février 1843.