XIV.
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit lacampagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tum’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par lamontagne.
Je ne puis demeurer loin de toi pluslongtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mespensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucunbruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mainscroisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme lanuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir quitombe,
Ni les voiles au loin descendant versHarfleur,
Et, quand j’arriverai, je mettrai sur tatombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère enfleur.
3septembre 1847.