XI. – ?
Une terre au flanc maigre, âpre, avare,inclément,
Où les vivants pensifs travaillenttristement,
Et qui donne à regret à cette race humaine
Un peu de pain pour tant de labeur et depeine ;
Des hommes durs, éclos sur ces sillonsingrats ;
Des cités d’où s’en vont, en se tordant lesbras,
La charité, la paix, la foi, sœursvénérables ;
L’orgueil chez les puissants et chez lesmisérables ;
La haine au cœur de tous ; la mort,spectre sans yeux,
Frappant sur les meilleurs des coupsmystérieux ;
Sur tous les hauts sommets des brumesrépandues ;
Deux vierges, la justice et la pudeur,vendues ;
Toutes les passions engendrant tous lesmaux ;
Des forêts abritant des loups sous leursrameaux ;
Là le désert torride, ici les froidspolaires ;
Des océans émus de subites colères,
Pleins de mâts frissonnants qui sombrent dansla nuit ;
Des continents couverts de fumée et debruit,
Où, deux torches aux mains, rugit la guerreinfâme,
Où toujours quelque part fume une ville enflamme,
Où se heurtent sanglants les peuplesfurieux ; –
Et que tout cela fasse un astre dans lescieux !
Octobre 1840.