XVIII. – Intérieur
La querelle irritée, amère, à l’œilardent,
Vipère dont la haine empoisonne la dent,
Siffle et trouble le toit d’une pauvredemeure.
Les mots heurtent les mots. L’enfant s’effraieet pleure.
La femme et le mari laissent l’enfantcrier.
– D’où viens-tu ? – Qu’as-tufait ? – Oh ! mauvais ouvrier !
Il vit dans la débauche et mourra sur lapaille.
– Femme vaine et sans cœur qui jamais netravaille !
– Tu sors du cabaret ? – Quelqueamant est venu ?
– L’enfant pleure, l’enfant a faim,l’enfant est nu.
Pas de pain. – Elle a peur de salir ses mainsblanches !
– Où cours-tu tous les jours ? – Ettoi, tous les dimanches ?
– Va boire ! – Va danser ! – Iln’a ni feu ni lieu !
– Ta fille seulement ne sait pas prierDieu !
– Et ta mère, bandit, c’est toi qui l’astuée !
– Paix ! – Silence, assassin !– Tais-toi, prostituée !
Un beau soleil couchant, empourprant letaudis,
Embrasait la fenêtre et le plafond, tandis
Que ce couple hideux, que rend deux foisinfâme
La misère du cœur et la laideur de l’âme,
Étalait son ulcère et ses difformités
Sans honte, et sans pudeur montrait sesnudités.
Et leur vitre, où pendait un vieux haillon detoile,
Était, grâce au soleil, une éclatanteétoile
Qui, dans ce même instant, vive et purelueur,
Éblouissait au loin quelque passantrêveur !
Septembre 1841.