IV.
Oh ! je fus comme fou dans le premiermoment,
Hélas ! et je pleurai trois joursamèrement.
Vous tous à qui Dieu prit votre chèreespérance,
Pères, mères, dont l’âme a souffert masouffrance,
Tout ce que j’éprouvais, l’avez-vouséprouvé ?
Je voulais me briser le front sur lepavé ;
Puis je me révoltais, et, par moments,terrible,
Je fixais mes regards sur cette chosehorrible,
Et je n’y croyais pas, et je m’écriais :Non !
– Est-ce que Dieu permet de ces malheurssans nom
Qui font que dans le cœur le désespoir selève ? –
Il me semblait que tout n’était qu’un affreuxrêve,
Qu’elle ne pouvait pas m’avoir ainsiquitté,
Que je l’entendais rire en la chambre àcôté,
Que c’était impossible enfin qu’elle fûtmorte,
Et que j’allais la voir entrer par cetteporte !
Oh ! que de fois j’ai dit :Silence ! elle a parlé !
Tenez ! voici le bruit de sa main sur laclé !
Attendez ! elle vient ! laissez-moi,que j’écoute !
Car elle est quelque part dans la maison sansdoute !
Jersey, Marine-Terrace, 4 septembre 1852.