XIV.
Ô gouffre ! l’âme plonge et rapporte ledoute.
Nous entendons sur nous les heures, goutte àgoutte,
Tomber comme l’eau sur les plombs ;
L’homme est brumeux, le monde est noir, leciel est sombre ;
Les formes de la nuit vont et viennent dansl’ombre ;
Et nous, pâles, nous contemplons.
Nous contemplons l’obscur, l’inconnu,l’invisible.
Nous sondons le réel, l’idéal, lepossible,
L’être, spectre toujours présent.
Nous regardons trembler l’ombreindéterminée.
Nous sommes accoudés sur notre destinée,
L’œil fixe et l’esprit frémissant.
Nous épions des bruits dans ces videsfunèbres ;
Nous écoutons le souffle, errant dans lesténèbres,
Dont frissonne l’obscurité ;
Et, par moments, perdus dans les nuitsinsondables,
Nous voyons s’éclairer de lueursformidables
La vitre de l’éternité.
Marine-Terrace, septembre 1853.